à propos de #ZeroMika

La production, la commercialisation et l’usage des sac plastiques à usage unique sont désormais interdits, et il y a eu comme un petit vent de panique qui s’est emparé des petits professionnels et des consommateurs ! Il faut dire que même si la mesure était publique et connue pour les érudits, la quasi-majorité de la population en a pris connaissance seulement sur des spots télé diffusés en prime time au Ramadan, soit moins d’un mois avant l’entrée en vigueur de la mesure.

Les raisons de cette interdiction sont restées obscures pour un grand nombre de marocains. Certains ne comprennent pas comment est-ce que l’on peut renier le progrès et revenir à la « gouffa » d’antan, peu pratique et inadaptée, alors que les habitudes de consommation sont de plus en plus ancrées dans notre société. D’autres, plus averties, se rappellent que ces même sacs ont été présentés il y a quelques années de cela comme alternative « propre » à l’abominable sac en plastique noir qui polluait le paysage .. nous aurait-on menti ?

Mais ce qui est pire à mon sens, c’est qu’en l’absence de réponses officielles convaincantes, le complotisme se développe et une frange non négligeable de la population s’en est trouvée elle-même : Ce ne serait donc que les agissements d’une classe politique de connivence avec les milieux des affaires pour priver le citoyen d’un produit accessible et le forcer à en acheter à prix coûtant ! Certaines mauvaises langues prétendent même que depuis l’annonce de la tenue de la COP22 à Marrakech, le Maroc a contracté une infection écologique aiguë. #ZeroMika n’en serait donc que la manifestation visible et médiatique qui serait abandonnée aussitôt que la fièvre écologique qui s’est emparé du pays estompé !

Au delà du bien-fondé de la mesure en elle même, c’est l’approche qui m’interpelle : La conduite du changement a été complètement négligée pour un changement comportemental aussi profond. Des spots télé (niais et en décalage avec les vraies questions soulevées, soit dit en passant) ne sont pas suffisants pour garantir une bonne adhésion de la population. En 2016, on en est malheureusement toujours à forcer des changements plutôt que de convaincre de leur intérêt.

Résultat des courses : Certains commerçants continuent de proposer des sacs en plastique à leurs clients malgré l’interdiction, et ce faute d’alternatives réalistes et adaptées. Le paysage économique n’est pas fait que de grandes enseignes capables de proposer des sacs écologiques à leurs clients. Je ne serai d’ailleurs même pas surpris d’apprendre que des manufactures de sacs en plastique opèrent toujours dans la clandestinité (déjà que l’activité à la base n’était pas hyper régulée !), parce que pour cela aussi il faut trouver une alternative économique viable.

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